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AMÉNAGER DES MODULES SÉPARÉS EN FONCTION DE L'ÂGE

Les niches individuelles extérieures offrent d'excellentes conditions de vie aux jeunes veaux. Avec des équipements de type taxi à lait, la distribution de la buvée peut être mécanisée (ici en Suède).© P.L.C.

Une pouponnière ou une niche individuelle pour les premières semaines, puis une case collective jusqu'à quatre mois. Si l'on veut limiter les pertes des veaux, il faut offrir à chacun l'environnement qui lui convient.

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SELON LES RÉGIONS, 10 À 15 % DES VEAUX NÉS dans des élevages laitiers n'atteignent pas l'âge de six mois. Les pertes économiques sont importantes. S'y rajoute un stress pour les éleveurs à chaque fois qu'ils découvrent un veau malade.

L'agrandissement des élevages se poursuit, voire s'accélère. Avec un besoin en renouvellement plus élevé pour augmenter les effectifs, mais aussi un risque d'aggravation des problèmes de santé des veaux. Car pour réduire la charge ou la pénibilité du travail, les éleveurs cherchent à mécaniser les travaux d'entretien et de nettoyage des locaux, ce qui les conduit à privilégier les grands volumes. Or, cela ne convient pas aux nouveau-nés. Et lorsque les éleveurs sont débordés, la surveillance des animaux risque d'en souffrir.

UNE MORTALITÉ ÉLEVÉE AU COURS DU PREMIER MOIS

Alors que faire ? Y a-t-il une fatalité ? Les chances de survie des veaux dépendent à la fois de la conduite et du logement ; sachant que l'un ne va pas sans l'autre. De bonnes pratiques n'empêcheront pas les pertes si le logement n'est pas adapté. Et une nursery parfaite ne suffira pas à compenser une conduite défectueuse.

Une enquête réalisée auprès de soixante délégués du GDS du Morbihan révèle que c'est au cours du premier mois que la mortalité est la plus forte. Elle survient souvent après des diarrhées dans les tout premiers jours, ou un peu plus tard à la suite de problèmes respiratoires. Dans les deux cas, le logement est en cause, qu'il s'agisse d'un problème d'ambiance ou d'hygiène.

Trois types de logement coexistent, avec des impacts variables sur le confort des veaux.

Il y a les anciens bâtiments désertés par les gros bovins mais dans lesquels on éparpille les veaux. Avantages : ils sont isolés des autres animaux, à l'abri des courants d'air et avec des températures stables.

Mais dans ces étables, il est difficile de maîtriser l'hygiène et la ventilation.

Dans les bâtiments construits il y a dix ou quinze ans, tous les animaux cohabitent. Les veaux sont hébergés dans des ambiances humides et froides. Les volumes dépassent largement leurs besoins. De mauvaises odeurs trahissent parfois une ventilation défectueuse. Enfin, les bâtiments plus récents offrent souvent une meilleure ventilation et beaucoup de lumière. Mais ces structures ne sont pas isolées. Les variations de température importantes entre le jour et la nuit pénalisent le confort et la santé des jeunes veaux. On retrouve aussi des volumes trop importants pour ces animaux. De plus, dans ces deux dernières situations, les nouveau-nés cohabitent avec des bovins beaucoup plus âgés, ce qui n'est pas favorable.

L'Institut de l'élevage a constitué une équipe d'une douzaine de techniciens, issus notamment des GDS, pour réfléchir au logement des veaux, sous l'angle particulier des grands troupeaux. Car si les fondamentaux ne bougent pas, l'évolution du contexte conduit à des changements qui nécessitent d'actualiser le référentiel technique existant. La publication de nouveaux documents techniques est prévue avant l'été.

ESPACES : UNE CRÉATION EN DEUX TEMPS

L'Institut de l'élevage préconise désormais de concevoir le logement des veaux en deux temps. D'abord en pouponnière pendant les deux ou trois premières semaines. Ensuite en nursery jusqu'à quatre mois environ. On se rapproche de la gestion des élevages de porcs où les animaux sont regroupés dans des bâtiments différents en fonction de leur âge. Cette spécialisation des lieux permet une meilleure adaptation des locaux aux besoins de chacun. Et elle évite de mélanger des animaux porteurs de germes ou de parasites différents.

La pouponnière est un lieu spécifiquement conçu pour les nouveau-nés. On y trouve les conditions de vie adaptées en termes de température et d'ambiance. Idéalement, on place un pédiluve à l'entrée. On peut aussi prévoir une lampe à infrarouges pour réchauffer les plus fragiles. La difficulté réside dans la mécanisation du travail puisque, par définition, ces pouponnières offrent de faibles volumes.

Après deux ou trois semaines et jusqu'à quatre mois, les veaux peuvent être logés en cases collectives. Et ce n'est pas parce que l'effectif augmente que la taille des lots doit suivre. Les veaux se trouvent mieux dans des petits groupes de cinq ou six. Il y a moins de rivalités et donc de stress quand tous ont quasiment le même âge.

Passé l'âge de quatre mois, le bovin fonctionne comme un ruminant. Il produit davantage de chaleur, résiste mieux au froid et a besoin d'un volume d'air conséquent. Ce qui implique des conditions de logement plus proches de celles des adultes que des jeunes. De plus, ces bovins plus âgés peuvent être porteurs sains de microbes ou de parasites qui risquent de contaminer les plus jeunes. Ils doivent quitter la nursery. Sauf si elle a été conçue avec des salles bien distinctes en fonction des lots, avec des entrées et des sorties d'air différentes.

Les niches extérieures offrent une autre voie. C'est clairement le modèle adopté dans les grands pays laitiers d'Amérique du Nord ou d'Europe (voir encadré). Et ceux qui ont franchi le cap en France en sont très satisfaits.

IMPLANTATION : LUMIÈRE ET VENTS DOMINANTS À SURVEILLER

Dans les bâtiments récents, les veaux sont souvent placés à proximité de la salle de traite pendant les deux premières semaines. Une option qui se justifie en termes d'organisation du travail, mais qui implique souvent une exposition défavorable, au nord. L'enquête du Morbihan a montré que cette disposition entraîne une morbidité supérieure de dix points. De plus, le local est plus ou moins ouvert sur le reste du bâtiment, et il se trouve dans une zone humide.

Dans ce type de configuration, il faut au minimum isoler les veaux des adultes et proscrire l'eau du local, en le séparant bien du bloc de traite. La préparation de la buvée et le lavage des seaux doivent être faits dans un local technique attenant et fermé.

L'orientation à l'est est intéressante pour la lumière. Le soleil peut ainsi entrer dès le matin par les côtés, même quand il est bas en hiver, et commencer à chauffer doucement le bâtiment. À l'inverse, dans les bâtiments orientés à l'ouest, il n'arrive que le soir et chauffe un bâtiment qui n'en a plus besoin. Les nurseries orientées au sud fonctionnent également bien. Elles peuvent être semi-ouvertes. Elles remplissent alors les conditions d'hygiène et de ventilation adaptées aux besoins des veaux.

Attention aux translucides sur le toit au-dessus du couchage des jeunes. En été, le soleil peut taper très fort sur des veaux endormis. Or, ces jeunes animaux ne régulent pas bien les excès de température.

CIRCULATION DE L'AIR : VISER UNE TEMPÉRATURE STABLE

Quelles que soient les conditions climatiques, le jeune veau craint les écarts de température et les courants d'air. Les entrées doivent être modulables en fonction de la météorologie. Il faut donc éviter les bardages en bois ajourés, par exemple. Mieux vaut des filets brise-vent amovibles. Ou encore des fenêtres que l'on ouvre plus ou moins. Éviter absolument les entrées d'air froid qui viennent du nord. Attention aussi aux entrées d'air parasites. Elles sont fréquentes avec les portails qui ne ferment pas bien. Mieux vaut opter pour les portes battantes qui restent bien jointes. Les sorties d'air doivent également être calibrées. Les faîtières ouvertes sur toute la longueur ne se justifient pas et provoquent une évacuation d'air excessive.

Si la nursery est mal orientée, il faudra avoir recours à une ventilation dynamique. C'est plus coûteux et cela demande un certain doigté pour bien fonctionner. La cheminée doit être isolée pour que l'air ne se refroidisse pas avant la sortie. D'une manière générale, la ventilation statique convient bien. Les extracteurs ne deviennent nécessaires que pour rattraper un bâtiment mal conçu. La ventilation dynamique peut aussi être souhaitable lorsque les conditions climatiques sont très froides en hiver, en montagne par exemple.

MAÎTRISER L'HYGROMÉTRIE

L'humidité provient en partie de l'utilisation d'eau en grande quantité à proximité des veaux. Comme énoncé plus haut, cette contrainte peut se gérer en séparant les espaces en fonction des activités. Mais elle peut aussi être liée à la conception. Si le drainage se fait mal autour du bâtiment, il y a un risque d'infiltrations. De plus, il faut réfléchir à la localisation des abreuvoirs. Les veaux qui les découvrent jouent avec et peuvent en répandre sur la litière.

MATÉRIAUX : RECHERCHER LA CHALEUR

Les matériaux qui ont une inertie élevée ont tendance à garder le froid. Les jeunes veaux ne doivent pas être en contact direct avec ces parois froides. Il faut éviter les écarts de température importants entre le jour et la nuit. D'où la nécessité d'isoler le plafond, voire les murs en climat rigoureux. L'isolation du plafond conduit aussi à installer une surface lisse propice à la circulation de l'air.

Au sol, les caillebotis sont indispensables en cases individuelles. Il faut les recouvrir de paille. Ceci permet un bon confort sans humidité.

BUVÉE : FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DE L'IMMUNITÉ

Le veau nouveau-né ne possède pas d'anticorps. Il doit recevoir ceux contenus dans le colostrum. Le logement de ces animaux doit donc être conçu pour que cette distribution soit simple. Ensuite, il faut savoir qu'un veau qui salive beaucoup digère mieux et développe son immunité. Or, la buvée au seau pénalise cette salivation. Elle est en revanche très abondante lorsque les veaux boivent en hauteur. Les bacs à tétines présentent donc des avantages. Les taxis à lait, qui réchauffent le produit et facilitent sa distribution, sont intéressants, notamment en niches individuelles extérieures. L'option du lait yoghourt permet de s'affranchir de la contrainte de température de la buvée. Même froid, ce produit est très bien digéré par les veaux nouveau-nés.

Les Dal rencontrent un certain succès en raison du gain de temps qu'ils procurent. Mais ils peuvent avoir un impact négatif. Les éleveurs ont tendance à mettre les veaux en cases collectives trop tôt, avant quinze jours, ce qui génère du stress. Pour des raisons économiques, les Dal conduisent souvent à agrandir les lots, et donc à mélanger des animaux d'âges trop différents. Les plus jeunes sont pénalisés. Enfin, avec une seule tétine pour un lot, le risque de contaminations entre animaux est forcément augmenté.

L'idée de se limiter à une buvée par jour fait encore débat. Cela nécessite un programme lacté très bien calé.

PASCALE LE CANN

« Limitons les écarts d'âge au sein d'un lot et entre lots sous un même toit ! » Benoît Michenot,GDS de Loire-Atlantique

« Penser aux conditions de travail, mais pas seulement ! » Jacques Charlery, GIE Élevages de Bretagne

« Faire comprendre aux concepteurs les particularités des nouveau-nés. » Daniel Le Clainche, GDS Bretagne

Dans ce bâtiment de type tunnel vu dans le Wisconsin, (États-Unis), les veaux se retrouvent dans un espace spécifique jusqu'à l'âge de quatre mois. Sur les longs-pans, des filets amovibles permettent de gérer les ouvertures en fonction de la météorologie.

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